Maxime Obadia

L’ABDOMEN :

L’abdomen contient essentiellement le système digestif, de l’estomac jusqu’au rectum. Notons que l’Ostéopathe prend en considération systématiquement une structure appelée péritoine qui à l’image d’un sac va englober les viscères pour se fixer sur les parois osseuses. Il est constitué ainsi de 2 feuillets, un viscéral autour des organes et un pariétal au contact des os, qui délimite un espace virtuel appelé cavité péritonéale. Cette membrane qui forme des replis en épousant la forme des organes, a un rôle de maintien et d’orientation des organes, et pourra ainsi influencer la biomécanique viscérale en se rétractant ou en se relâchant.

Dans l’ordre de progression du bol alimentaire, nous décrirons :

  • L’estomac, qui est relié au foie par le petit épiploon (ligament gastro-hépatique).

La contraction du muscle gastrique (constitué de 3 couches), pour le brassage des aliments (rappelons qu’il faut pour une bonne alimentation les 9 acides aminés essentiels qui ne sont pas synthétisés par notre organisme) est commandée par le nerf vague(X) principalement.

Entre l’estomac et le pancréas en arrière, on trouve la bourse omentale, encore appelée l’arrière-cavité des épiploons, qui est délimitée à droite par le hiatus de Winslow entre la veine cave inférieure en arrière et la veine porte du pédicule hépatique en avant (voie de passage pour le chirurgien une fois que le foie a été dégagé) ; cet espace peut être le siège d’une péritonite en cas d’ulcère gastrique.

  • le duodénum, rétropéritonéal ( sauf le premier tiers de la 1ère portion), avec ses 4 portions : la jonction entre la 1ère portion duodénale et l’estomac s’appelle le pylore ; c’est un sphincter qui s’ouvre et qui se ferme pour livrer passage au chyme une fois brassé dans la poche gastrique qui est un milieu acide.

La 2ème portion reçoit le canal cholédoque provenant du foie et sa vésicule biliaire, pour le déversement de la bile, et ainsi digérer les graisses.

Le foie est l’organe le plus volumineux de l’organisme (1,5 kgs) et agit comme une véritable éponge qui se remplit de sang oxygéné par la veine porte et l’artère hépatique et se vide de son sang par les veines hépatiques et la Veine Cave Inférieure (VCI) en direction de la portion droite du coeur.

Il est donc richement vascularisé, mais ne contient pas de nerfs, c’est la raison pour laquelle il ne fait pas mal, et ne nous informe pas de son dysfonctionnement.

L’Ostéopathe investigue systématiquement le foie, car il est très fréquemment induré à la palpation, lié au fait qu’il soit infiltré, congestionné (signant une hépatomégalie par exemple).

Bien souvent les manipulations d’Ostéopathie suffisent à le désengorger, en travaillant localement sous le grill costal, mais aussi en « débloquant » sa projection vertébrale au niveau D7/D8. Il pourra aussi vous proposer un draineur hépatique, à prendre sous forme de cure pendant 1 mois, contenant du chardon-marie, artichauts, desmodium, radis noir…

Le test pathognomonique est celui qui consiste à appuyer sur le point de MacBurney, situé au tiers externe de la ligne reliant le bassin droit (EIAS droite) à l’ombilic. Cela peut révéler aussi une hypertension portale, une thrombose, voire une cirrhose, et l’Ostéopathe jugera s’il est opportun d’orienter le patient vers son médecin traitant, qui pourra ainsi demander une échographie abdominale par exemple ou une IRM afin d’investiguer la région et éliminer une potentielle maladie plus grave (auto-immune par exemple)

La 2ème portion duodénale reçoit aussi le canal de Wirsung provenant du pancréas pour déverser les sucs pancréatiques au niveau de l’ampoule de Water (sécrétion exocrine), pour neutraliser le chyme acide, mais il a aussi une fonction dans la régulation de la glycémie en secrétant dans la circulation sanguine 2 hormones : l’insuline, hypoglycémiante, et le glucagon, hyperglycémiante : c’est la sécrétion endocrine.

La 3ème portion est limitée en arrière par l’aorte abdominale et       en avant par l’artère mésentérique supérieure, et peut être pincée à ce niveau-là : c’est le syndrôme de la pince aorto-mésentérique.

Le duodénum se termine par la jonction duodéno-jéjunale (JDJ), qui forme un angle, dont l’ouverture pour le passage du bol alimentaire s’effectue par le ligament de Treitz, ou muscle suspenseur duodénal, qui rejoint les fibres musculaires du pilier droit du diaphragme.

  • Il s’ensuit l’intestin grêle, zone de digestion importante pour absorber 90% des nutriments indispensables à l’organisme. Sa longueur moyenne est de 6 mètres. Il s’accole à la paroi abdominale postérieure par le mésentère, considéré comme un véritable organe.
  • Enfin, le côlon, ou gros intestin, qui mesure 1,5 mètre de long et qui forme un cadre à partir du caecum dans la fosse iliaque droite.

Les côlon ascendant et descendant sont rétropéritonéaux, fixes sur le péritoine pariétal postérieur, grâce aux fascias de Toldt droit et gauche respectivement.

Au contraire, le côlon transverse est quand à lui plus mobile, plus lâche. Il est relié à l’estomac par le grand épiploon, c’est la 1ère structure sous les abdominaux, que le chirurgien investigue quand il ouvre le ventre.

L’angle colique gauche est plus haut que le droit et situé sous la rate.

C’est la zone d’absorption d’eau pour former les matières fécales qui deviendront plus consistantes. Un excès d’absorption entraînera une stagnation des matières, pouvant engendrer de la constipation ; à l’inverse, un manque d’absorption d’eau, lié par exemple à des spasmes augmentant le péristaltisme (progression du bol alimentaire plus rapide), créera plutôt des selles molles, ce sont les diarrhées, dont le risque principal est la déshydratation.

Il se termine par le côlon sigmoïde, mobile et tenu par son méso qui assure sa vascularisation.

Notons la présence de la rate derrière l’estomac (reliée par le ligament gastro-splénique), et au-dessus du rein gauche…

Au niveau des nerfs, il contient le plexus lombaire, constitué de nerfs sensitifs ou mixtes (sensitifs et moteurs), à destination des muscles de la cuisse, le plus connu et le plus gros étant le nerf fémoral, ou crural, qui résulte de la réunion des rameaux antérieurs des nerfs sortant des foramens des 2ème, 3ème, et 4ème vertèbres lombaires.

Quand il s’inflamme, il crée la fameuse cruralgie, avec des douleurs dites « en écharpe » irradiant vers l’avant (quadriceps) et l’intérieur de la cuisse (adducteurs…)

Au niveau végétatif orthosympathique, se trouve le plexus cœliaque, appelé aussi plexus solaire (car ses fibres « rayonnent » comme un soleil). Il est situé à hauteur de la charnière dorso-lombaire (D12/L1) en avant de l’aorte abdominale.

Il est considéré comme le 2ème cerveau, tant il contient de neurones, notamment au niveau de ses 3 paires de ganglions, coeliaque, mésentérique supérieur, et aortique, pour l’innervation du diaphragme, du foie, de la rate, de l’intestin grêle, des gonades (testicules ou ovaires), et enfin des reins et leurs surrénales.

Rappelons que les glandes surrénales font office elles-mêmes d’un véritable ganglion sympathique, sécrétant principalement de l’adrénaline par les médullosurrénales et du cortisol par les corticosurrénales en cas de stress.